L’autorité — Enquête sémiologique
Mener une enquête sémiologique sur un mot-concept et créer une image conceptuelle et polysémique de ce dernier.
autorité (n.f)
Pouvoir légitime d’ordonner, de diriger ou de contraindre, reconnu et accepté par ceux sur qui il s’exerce.
3 contextes d’autorité recensés via l’iconographie web
⎯ travail (management)
⎯ foyer (socialisation primaire)
⎯ fonctions régaliennes (forces de l’ordre, justice, services d’éducation)
Ce que cette iconographie nous dit du concept d’autorité
Dans les mœurs, l’autorité est forte, injonctive, puissante, souvent crainte, et exercée par une entité haute dans la hiérarchie (très souvent un homme).
L’autorité n’est jamais représentée seule ; elle est toujours exercée par quelqu’un sur quelqu’un. Elle fait l’union de deux entités séparées par les lois de la hiérarchie.
Ses limites
Bien qu’elle présente l’autorité dans différents contextes, elle reste tout de même limitée : on n’y voit pas l’autorité dans tous ses contextes existants et elle est toujours représentée par deux entités à part entière.
Puisque l’autorité est toujours exercée par quelqu’un sur quelqu’un, j’ai voulu parler d’un autre type d’autorité. Absente dans l’illustration, pourtant présente en chacun de nous :
le Surmoi, conceptualisé par S. Freud en 1923.
L’autorité c’est aussi celle que l’on exerce sur soi.
Le Surmoi est une des trois instances de la modélisation structurelle de l'esprit humain mise au point par S. Freud. Elle caractérise l’intériorisation des interdits parentaux et sociaux, et joue le rôle de juge moral.
Alors quoi de mieux que le Surmoi pour incarner l’autorité ?
Dans ma création visuelle, j’ai décidé de le personnifier en caractérisant sa rigidité avec le fameux costume bureautique, qu’on a maintes fois retrouvé dans l’iconographie web.
Mon Surmoi n’a pas de visage, de cheveux ou de crâne, seulement un cerveau pour ne laisser aucune place à la futilité et transmettre un message clair : « j’incarne la raison et l’ordre, sans dispersion ».
Autour de mon Surmoi, il y a toutes les tentations extérieures essayant de le déranger dans sa tâche : des envies, des pulsions, des addictions, des fantasmes… Bref, des perturbateurs de l’ordre et de la bonne morale.
Une chose les sépare : les plans de l’image représentant la hiérarchie caractéristique de l’autorité.
En bref, j’ai repris les codes établis de la sémiologie de l’autorité pour lui donner un nouveau souffle.
Ce choix, c’est pour moi l’occasion de mettre en lumière une conception de l’autorité différente de celle présente dans les moeurs : une autorité incarnée par une seule et même entité, l’individu lui-même.
Cette proposition est pertinente parce qu’elle nous pousse à réfléchir à nos conceptions de l’autorité.
Elle est aussi d’actualité avec la démocratisation de la psychologie introspective qui conduit les individus à réfléchir à leur intériorité. Une activité qui était jusque là négligée, considérée comme superflue ou encore vaine.
Plus puissante encore, elle interroge sur notre société et la place de la conscience en son sein.
Alors, prochaine fois que vous serez sur le point de fumer une cigarette, vous penserez à mon cerveau en costard ;)